Le gain de poids est plus complexe qu’on le croyait, les chercheurs le découvrent un peu plus chaque jour. Le cerveau joue un rôle majeur, de même que l’exposition aux substances chimiques qu’on utilise au quotidien. Voici comment vous pouvez tirer parti des plus récentes découvertes.
Même aux yeux d’une personne soucieuse de sa santé, une tranche de gâteau au chocolat peut sembler irrésistible. Pourquoi cédons-nous parfois à la tentation en dépit du bon sens? C’est la question que chacun se pose.
Des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (IHNM) ont peut-être mis le doigt sur une cause possible: dès qu’on a sous les yeux un aliment appétissant, l’estomac élabore une hormone, la ghréline, qui envoie au cerveau un puissant message indiquant que nous devons le consommer dans la seconde qui suit.
La recherche sur les causes de l’embonpoint est présentement en plein essor, et cette découverte ne fait qu’en confirmer l’importance. «Nous commençons à peine à nous rendre compte à quel point l’obésité est un problème complexe», explique le docteur Arya Sharma, directeur scientifique du Réseau canadien en obésité, et professeur de médecine à l’université de l’Alberta. A son avis, plus tôt on découvrira les causes de ce qui nous fait prendre du poids et nous empêche de le perdre, plus vite on trouvera un traitement pour soigner l’obésité ou, tout simplement, une solution pour perdre ses quelques kilos en trop.
Entre-temps, les traitements amaigrissants par restriction calorique et l’exercice restent nos meilleures armes pour lutter contre l’embonpoint. Ce qui ne devrait pas vous empêcher de tirer partie de certaines des découvertes les plus étonnantes.
1. «Délicieux», un mot dont vous devriez revoir le sens
À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les chercheurs de l’IHNM qui se sont penchés sur l’action de la ghréline ont découvert que cette hormone augmentait la réponse neurologique et, par conséquent, l’appétit, dans les régions du cerveau où est encodée la valeur incitative des aliments.
«En d’autres mots, lorsque nous avons devant les yeux un aliment que nous aimons, tout nous pousse à le consommer», explique le docteur Alain Dagher, neurologue au IHNM. «Malheureusement, notre cerveau est probablement programmé de manière à apprécier les aliments très caloriques, réaction indispensable en cas de pénurie ou de difficulté d’approvisionnement», explique-t-il.
Pour contrer cette réaction, il suffirait de programmer notre cerveau à apprécier les aliments peu caloriques, par exemple en faisant jouer les ressorts de la pensée positive.
2. Faites examiner votre thyroïde, deux fois plutôt qu’une
Selon les résultats d’une étude publiée en mars 2008 dans la revue Archives of Internal Medicine, un léger ralentissement de la fonction thyroïdienne est associé à un gain de poids. Or, la Fondation canadienne de la thyroïde estime que deux personnes sur cent souffrent d’hypothyroïdie, affection se caractérisant par une insuffisance de l’activité de la thyroïde. Lorsque cette glande, qui loge dans le cou, ne secrète pas suffisamment d’hormone (TSH), le taux métabolique risque de chuter, entraînant, notamment, de la fatigue et un gain de poids.
Selon les résultats d’une étude publiée en mars 2008 dans la revue Archives of Internal Medicine, un léger ralentissement de la fonction thyroïdienne est associé à un gain de poids. Or, la Fondation canadienne de la thyroïde estime que deux personnes sur cent souffrent d’hypothyroïdie, affection se caractérisant par une insuffisance de l’activité de la thyroïde. Lorsque cette glande, qui loge dans le cou, ne secrète pas suffisamment d’hormone (TSH), le taux métabolique risque de chuter, entraînant, notamment, de la fatigue et un gain de poids.
Les choses ne sont toutefois pas aussi simples. La docteure Caroline Fox, endocrinologue au National Heart, Lung, and Blood Institute des États-Unis, raconte que son groupe de chercheurs a découvert avec surprise que les femmes dont le taux sérique de thyrotropine (TSH) était relativement élevé, bien que pas au-delà de la fourchette normale permettant de diagnostiquer les maladies de la thyroïde, ont pris jusqu’à 1,8 kilo sur une période de trois ans et demi, comparativement à celles dont le taux de TSH n’avait pas monté.
«Si une femme estime avoir pris trop de poids ou n’arrive pas à en perdre malgré un mode de vie sain, elle devrait en parler à son médecin, » explique Caroline Fox, ajoutant que cette étude en est à un stade trop préliminaire pour qu’on remette en cause la valeur des tests dont dispose actuellement la médecine pour établir un diagnostic.
3. Évitez l’exposition au bisphénol A et aux autres produits chimiques domestiques
Les résultats d’études indiquent que l’exposition, à un âge précoce, aux produits chimiques perturbant les fonctions endocrines (EDC) augmente le risque de contracter certains cancers. Le bisphénol A (BPA), qui fait déjà l’objet de controverses, est à nouveau pointé du doigt. Selon une équipe de chercheurs de l’université Tuft, l’exposition prénatale ou périnatale à ce composé peut induire un gain de poids plus tard dans l’existence.
Retha Newbold, du National Institute of Environmental Health Sciences des États-Unis, explique que ses observations sur les animaux sont valables pour les humains: «Quand un foetus ou un bébé est exposé à des EDC, le point de réglage métabolique de l’organisme [équilibre entre l’énergie absorbée sous forme de calories et l’énergie dépensée] est altéré de façon irréversible ».
Bien sûr, l’exposition aux EDC n’est pas le seul facteur de risque de l’obésité, l’alimentation et l’exercice jouent un rôle prépondérants à cet égard. En outre, une exposition précoce n’entraînera pas forcément des problèmes de poids plus tard dans l’existence. «Mais cela peut expliquer que certaines personnes aient du mal à perdre du poids ou qu’elles reprennent les kilos perdus », souligne Retha Newbold. D’ici à ce qu’on en sache plus, elle recommande la prudence: évitez autant que possible les EDC, notamment les phthalates (présents dans certains cosmétiques et produits de nettoyage) et le BPA. Par conséquent, prenez des produits frais plutôt qu’en conserve (le revêtement intérieur des boites de conserve contient souvent du BPA), évitez les bouteilles d’eau en polycarbonate et ne réchauffez pas vos aliments dans des récipients en plastique.
4. Surveillez votre graisse abdominale
Selon les résultats d’une étude publiée en mai 2008 dans la revue Cell Metabolism, la graisse sous-cutanée, c’est-à-dire celle qui revêt les hanches et les fesses, pourrait en fait offrir une certaine protection contre le diabète de type 2. «Il semble que la graisse sous-cutanée élabore une substance qui est secrétée dans le sang et qui améliore la sensibilité à l’insuline et élève le métabolisme », explique le docteur C. Ronald Kahn, chercheur au Joslin Diabetes Center de Boston.
De son côté, le professeur Kaiping Yang de la University of Western Ontario rapporte une découverte surprenante: le type de graisse qui se trouve dans l’abdomen produit une hormone, le neuropeptide Y, qui agit comme stimulant de l’appétit (on a toujours cru que le cerveau était seul à réguler l’appétit). Pire encore, cette hormone stimule la production de graisse. Cette étude publiée dans le FASEB Journal en juillet 2008 donne à penser que les femmes dont les kilos superflus se logent dans la région de l’abdomen pourraient avoir plus de mal que les autres à perdre leur surplus de masse adipeuse.
Il est difficile de se débarrasser de la graisse abdominale en faisant de l’exercice, commente Scott Tousignant, consultant certifié en culture physique de Windsor (Ontario). Pour perdre du poids de façon uniforme, il faut conjuguer l’aérobique et la musculation. «Pratiquée correctement, la musculation peut élever la fréquence cardiaque», explique-t-il.